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aisée, son port majestueux auraient été remarqués dans la cour d’un roi. La jeune Hélène la reçut comme une mère, mais avec plus d’égards peut-être qu’on n’en accorde à ceux qui nous sont unis par les liens du sang. Elle accueillit son hôte avec bienveillance et avec toutes les attentions qu’exigent les lois de l’hospitalité, mais sans lui demander ni son nom ni sa naissance. Tel était alors le respect pour un hôte, qu’un ennemi juré pouvait venir s’asseoir au banquet du Chef, objet de sa haine, et s’en retourner après la fête, sans qu’il lui fut adressé une seule question.

Enfin, l’étranger déclara lui-même son rang.

Il était James Fitz-James, chevalier de Snowdoun, seigneur d’un héritage peu fertile, que ses braves aïeux avaient eu bien de la peine à conserver par l'épée d’âge en âge. Il en avait coûté la vie à son père, et lui-meme était souvent forcé par les décrets du ciel à défendre ses droits le fer à la main. Il avait suivi ce malin lord Moray à la chasse ; trop ardent à poursuivre un cerf agile qu’il n’avait pu atteindre, il avait devancé ses compagnons, et vu mourir son coursier. Il se présentait comme un voyageur égaré.

XXX.

Le chevalier de Snowdoun aurait bien voulu demander à son tour le nom et le rang du père d’Hélène. Le maintien de la plus âgée des deux dames disait assez qu’elle avait fréquenté les villes et les cours : quant à Hélène , quoiqu’il y eût dans son air un peu plus de cette simple grâce qui n’appartient qu’aux filles des champs, ses paroles, ses gestes, les traits de son visage, tout annonçait en elle une noble origine ; il est rare de rencontrer, dans un rang moins élevé, ses traits, ses manières, et Une ame comme la sienne.

Lady Marguerite écoutait dans un grave silence toutes les insinuations adroites de Fitz-James, ou Hélène, par une plaisanterie innocente, éludait toutes ses questions