Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/344

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jamais agrafe n’en assujettit les plis sur un cœur plus tendre.

Il suffisait d’observer le regard d’Hélène pour y deviner toute sa bonté et ses vertus. Le cristal azuré du lac Katrine ne réfléchit pas plus purement la verdure de ses bords, que les yeux ingénus d’Hélène n’exprimaient son innocence. On y distinguait tour à tour les transports de sa joie, sa bienveillance pour l’infortune, l’amour filial, la suppliante prière d’une douce piété, ou la noble indignation qu’inspire aux enfans du Nord le récit d’un outrage. Un seul sentiment était dissimulé par elle avec une fierté virginale, sans rien perdre de sa pureté….. Ai-je besoin de le nommer ?

XX.

Impatiente du silence qui a succédé aux sons du cor, Hélène élève la voix. — Mon père !…. s’écrie-t-elle ; et les rochers d’alentour semblent se plaire à prolonger la douceur de ses accens. Elle écoute ; point de réponse. — Malcolm, serait-ce toi ? ajouta-t-elle : mais ce nom fut prononcé d’une voix si timide, qu’il ne put être saisi par l’écho.

— Je suis un étranger, dit le chasseur en quittant l’ombrage des noisetiers parmi lesquels il s’était caché. La jeune fille, alarmée, éloigna son léger esquif du rivage par un mouvement rapide de l’aviron ; et, quand elle se vit à une certaine distance, elle croisa plus étroitement le plaid qui cachait son sein. Tel le cygne effrayé recule à l’approche d’un ennemi, et hérisse les plumes de ses ailes.

Hélène, se voyant en sûreté, s’arrêta, cherchant à calmer sa surprise et son émotion, et considérant l’étranger, dont l’aspect et le visage n’étaient point de ceux qui font fuir les jeunes filles.

XXI.

Les années avaient légèrement imprimé sur ses traits la noble gravité de l’âge mur, mais sans éteindre encore