Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/343

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vient humecter les rameaux pendans du saule, et caresser avec un doux murmure un lit de cailloux aussi blancs que la neige. L’esquif touchait cette rive argentée ait moment où le chasseur changea de place, et il se tint caché au milieu de la bruyère, pour observer cette Dame dû Lac.

La jeune fille s’arrête, comme si elle espérait entendre encore le son lointain : telle qu’une statue, chef-d’œuvre d’un sculpteur de la Grèce, elle reste immobile, la tête levée, l’œil fixe et l’oreille attentive ; ses cheveux flottent sur son épaule ; ses lèvres sont légèrement entr’ouvertes... On l’aurait prise pour la naïade protectrice de ce rivage.

XVIII.

Non, jamais le ciseau grec ne créa une Nymphe, une Naïade, ou une Grâce d’une taille plus élégante, d’un aspect plus ravissant ! L’ardeur du soleil avait légèrement bruni ses joues, l’exercice de l’aviron, qui était un jeu pour elle, les avait teintes d’un brillant incarnat, et découvrait aussi les mouvemens plus rapides de son sein d’albâtre ; aucune leçon de Part des Grâces n’avait accoutumé ses pas à une mesure réglée, mais jamais démarche ne fut plus facile, jamais pied plus léger ne foula la rosée sur la bruyère fleurie : on en retrouvait à peine la trace sur le gazon. On reconnaissait dans son langage l’accent des montagnes ; mais le son de sa voix était si doux et si séduisant, qu’on respirait à peine en l’écoutant parler.

XIX.

Tout annonçait en elle la fille d’un Chef ; son snood[1] de satin, son plaid de soie et son agrafe d’or. Rarement on vit un snood se perdre au milieu d’une aussi abondante chevelure, dont les noires boucles le disputaient à la couleur des ailes du corbeau ; rarement un plaid arrangé avec un soin modeste couvrit un sein aussi beau ;

  1. Ruban que portent les vierges écossaises. — Le plaid le manteau de tarlau. — Eu.