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relies d’un vieux monastère ! Comme le cor résonnerait gaiement sur les ondes de ce lac, pour accuser la lenteur de l’aurore ! Qu’il serait doux d’écouter chaque soir le luth d’un amant dans le silence de ces paisibles bocages ; et puis, quand la lune baignerait son front dans cette onde argentée, combien serait solennel le bourdonnement lointain de la cloche des matines, dont la voix religieuse irait dans cette petite île réveiller un vieil ermite , qui compterait à chaque coup de cloche un grain de son rosaire !..... Le cor, le luth et la cloche appelleraient le voyageur à un accueil bienveillant sous un toit hospitalier.

XVI.

Alors sans doute il serait charmant de s’égarer ici ; mais maudite soit la vitesse du cerf !... A présent, comme le pauvre ermite que je me figurais tout à l’heure, il faudra bien se contenter pour cette nuit de ce que m’offrira ce taillis épais : quelque banc de mousse va être ma couche, un vieux chêne mon seul abri. Patience encore ; la chasse et la guerre ne nous laissent guère le choix d’un asile : une belle nuit passée dans un bois ajoute à la gaieté du lendemain ; mais les hôtes de ces déserts sont probablement de ces gens qu’il vaut mieux éviter que chercher. Tomber entre les mains des maraudeurs de ces montagnes, ce serait pire que de perdre le cerf et son cheval..... Me voilà seul;… le son de mon cor attirera peut-être auprès de moi quelqu’un de nos chasseurs... S’il allait appeler le danger ?... Allons, n’importe ; ce n’est pas la première fois que mon épée aura été tirée du fourreau.

XVII.

Mais à peine son cor a retenti, que, tournant les yeux vers un vieux chêne, dont le tronc oblique était fixé au rocher de la petite île, il voit un léger esquif qui s’en détache , et qui s’élance dans la baie : il est conduit par une jeune femme ; il trace un cercle gracieux autour du promontoire, et soulève une vague presque insensible, qui