Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/341

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un moment sous l’ombrage épais, mais elle reparaît bientôt plus abondante, et réfléchit dans son cristal d’azur des rochers immenses et les collines boisées. S’étendant peu à peu sur un plus vaste espace, elle se divise pour aller entourer d’une ceinture humide deux monticules couronnés d’arbustes, qui, détachés du reste de la forêt, semblent sortir de l'onde comme les tours d’un château au milieu de ses fossés. Les flots, qui grossissent de proche en proche, interceptent toute communication avec la montagne, et forment deux petites îles isolées.

XIV.

Mais aucun sentier ne s’offre au chasseur, à moins qu’il ne gravisse d’un pas prudent les saillies anguleuses d’un précipice ; les racines du genêt lui servent d’échelle, et les rameaux des noisetiers lui prêtent leur secours ; il parvient ainsi sur l’extrême pointe d’un rocher, et delà il découvre le lac Katrine qui se déploie comme une vaste nappe d’or aux rayons du soleil couchant. Tout l’espace que le lac couvre de ses ondes se développe a ses regards avec ses promontoires, ses baies, ses îles, qu’une teinte de pourpre fait distinguer au milieu des flots d’une lumière plus vive , et ses montagnes , qui apparaissent comme des géans gardiens d’une terre enchantée. L’immense Ben-Venu s’élève du côté du sud, et projette sur le lac, en masses confuses, ses rocs et ses inégalités sauvages, semblables aux débris d’un antique univers. Une sombre forêt croît sur ses flancs dégradés, et couronne sa tête chenue d’un feuillage ondoyant, tandis que, vers le nord , Ben-An lève dans les airs son front dépouillé.

XV.

L’étranger jette, du haut du promontoire, des regards étonnés et ravis. — Que ces lieux, dit-il, seraient dignes de la magnificence d’un prince ou de l'orgueil de l’Eglise ! Que j’aimerais à voir sur cet âpre sommet la tour d’un châtelain, dans ce riant vallon la demeure d’une douce beauté, et plus loin, au milieu de cette prairie, les tou-