Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/338

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vole vers l’ouest dans sa fuite rapide, et laisse loin derrière lui la meute harassée.

VI.

II serait trop long de dire quels furent les coursiers qui renoncèrent quand la chasse se précipita à travers Cambus-More, et les cavaliers qui tordirent leurs rênes de rage à l'aspect des escarpemens du Benledi ; quels furent ceux qui se ralentirent sur la bruyère de Bochastle, et n’osèrent traverser les eaux débordées du ſeith ; car deux fois , ce jour-là. le cerf intrépide passa hardiment d’une rive à l'autre. Il n y eut guère que quelques traîneurs qui, le suivant de loin, atteignirent le lac de Vennachar ; et lorsque le pont de Turk fut dépassé, le chef des chasseurs se trouva seul.

VII.

Il est seul ; mais, dans son infatigable ardeur, il ne cesse de presser son cheval du fouet et de l’éperon : épuisé de lassitude, couvert d'écume, souillé de noire poussière, le cerf est devant lui, près de perdre haleine dans ses derniers efforts. Deux noirs limiers de la race de saint Hubert, fameux par leur courage et leur vitesse sans égale, le serrent de près, et sont sur le point de l’atteindre ; à peine si la portée d’un trait les sépare du fugitif qu’ils poursuivent sur l'extreme rive du lac, entre le précipice et les broussailles touffues.

VIII.

Le chasseur, remarquant la hauteur de la montagne et l'étroite lisière qui borde le lac, espère que le cerf va être réduit aux abois devant cet énorme rempart ; triomphant déjà de sa proie, mesurant de l’œil le bois qui orne son front, il recueille tout son souffle pour sonner la mort, et tire son couteau de chasse pour porter le dernier coup à l’animal abattu : mais, au moment où il fond sur lui comme la foudre , et le bras levé.... le cerf rusé évite le choc ; — tournant du côté apposé du rocher, il s’élance dans une ravine profonde, et , disparaissant aux yeux du chasseur,