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III.

La meute l’aperçoit, et redouble ses aboiemens, que répètent les échos du vallon et des cavernes : la montagne répond au bruit confus de mille sons divers ; la voix de cent limiers ardens, les pas précipités de cent coursiers, les joyeuses fanfares des cors et les cris des chasseurs, fatiguent incessamment les échos du Benvoirlich. Le daim fuit à Rapproche de ce tumulte ; la chevrette se tapit sous la feuillée ; le faucon jette un regard surpris du haut de son aire, jusqu’à ce que ses yeux perçans aient perdu la trace du tourbillon qui balaie la vallée. Le bruit s’affaiblit de plus en plus ; à la voix mourante des échos succède un vaste silence qui règne au loin sur la haute montagne et dans la forêt solitaire.

IV.

Cette guerre champêtre trouble, mais avec moins de fracas, les sommets d’Uam-Var, et la caverne où la tradition raconte qu’un géant fit jadis sa demeure ; car, avant que cette montagne escarpée fût gravie, le soleil était parvenu an milieu de son cours journalier, et plus d’un hardi chasseur avait été forcé de s’arrêter pour laisser respirer son coursier haletant : à peine une moitié de la meute avait suivi les traces du cerf, tant l’accès difficile de ces hauteurs avait amorti l’ardeur impétueuse de ses ennemis.

V.

Le noble cerf se reposait sur la cime méridionale de la montagne, au pied de laquelle s’étendaient au loin les beaux domaines variés de Menteith ; ses yeux parcouraient avec inquiétude les eaux, les prairies, les bruyères et les marécages, cherchant un dernier refuge, et indécis entre Loch-Ard et Aberfoyle. Mais plus près de lui est un taillis de saules, dont le feuillage se balance sur le lac Achray, et se marie aux rameaux bleuâtres des pins qui couronnent les rochers du Ben-Venu : l’espoir lui donne une vigueur nouvelle; il glisse sur la bruyère d’un pied dédaigneux,