Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/336

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attendrissait les cœurs les plus farouches, et donnait du courage aux plus timides ! Quand le ménestrel se taisait, tu faisais entendre tes accords inspirateurs, et tu captivais l’attention des jeunes beautés et des fils de la vaillance ; car tu célébrais aussi les charmes de la châtelaine et les exploits de la chevalerie !

Réveille-toi, harpe du Nord ! quelque inhabile que soit la main qui ose errer sur tes cordes magiques ; réveille-toi, quoique je puisse à peine te rendre le faible écho de tes concerts des anciens temps ! Je ne saurai tirer de toi que des sons sans art, périssables et indignes de tes nobles accords ; mais qu’ils fassent palpiter un moment le cœur de celle qui m’écoute, ce ne sera pas en vain que tu m’auras inspiré !….. Harpe du Nord, enchanteresse, réveille-toi !

I.

Le cerf s’était désaltéré le soir dans le ruisseau de Monan, près de l’image tremblante de la lune ; il s’était réfugié, pour y passer la nuit, dans l’épaisseur des coudriers solitaires de Glenartney : mais à peine le soleil venait-il d’allumer son flambeau sur la crête du Benvoirlich, que les aboiemens de la meute, les cors et le galop des coursiers retentirent dans le lointain.

II.

Comme un chef qui entend crier la sentinelle : — Aux armes, voilà l’ennemi ! — le monarque agile des forêts s’élance de sa couche de bruyère ; mais avant de commencer sa course rapide, il secoue la rosée de ses flancs, et, semblable au guerrier dont la tête superbe est armée d’un cimier, il lève fièrement le front, et agite le bois rameux qui le couronne. Ses yeux plongent un moment dans la vallée ; ses naseaux interrogent la brise, et il écoute le bruit plus rapproché de la chasse : puis soudain, voyant paraître les premiers limiers de la meute, il franchit d’un bond le taillis, et, traversant l’espace en liberté, va chercher les bruyères sauvages d’Uam-Var.