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DE SAINT–BENOÎT

Soudain le pontife tressaille de terreur ; la voix lui manque ; et lorsqu’il veut élever le calice il le laisse tomber à terre.

III.

Le souffle d’un grand coupable, s’écrie-t-il, souille ce jour pieux ; il ne peut partager notre croyance ni éprouver le saint effet de mes paroles.

C’est un homme dont aucune bénédiction ne peut calmer le cœur troublé ; c’est un malheureux dont l’odieuse présence profane toutes les choses saintes.

IV.

Lève-toi, misérable, lève-toi et fuis ; crains mes imprécations. Je t’ordonne de ne plus étouffer ma voix par ton aspect profane ; fuis.

Au milieu du peuple était agenouillé un pèlerin recouvert d’un capuchon gris ; venu des rives lointaines de sa terre natale, il voyait Rome pour la première fois.

V.

Pendant quarante jours et quarante nuits il n’avait proféré aucune parole, et toute sa nourriture avait été du pain et l’eau des fontaines.

Au milieu du troupeau de pénitens aucun n’était prosterné avec plus d’humilité ; mais lorsque le pontife eut parlé, il se leva et sortit.

VI.

Il reprit le chemin de sa terre natale, et dirigea ses pas fatigués vers les plaines fertiles du Lothian et vers la cime azurée des montagnes de Pentland.

Il revit les ombrages de l’Esk, berceau de son enfance, et cette rivière si douce qui porte à la mer le tribut de ses flots argentés.

VII.

Des seigneurs accoururent au-devant du pèlerin ; des vassaux vinrent fléchir le genou– devant lui ; car parmi les Chefs guerriers de l’Écosse aucun n’était aussi brave que lui.