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pour parcourir d’un œil curieux la mémorable plaine de Flodden. Les jeunes bergers y vont chercher le jonc et le glaïeul, s’étendent à l’abri du noisetier, et y tressent leurs guirlandes sans se douter qu’ils sont assis sur le tombeau qui a reçu les dépouilles mortelles du vaillant Marmion.

O vous qui rencontrez cette humble colline, observez-y un religieux silence et rentrez dans vos cœurs.

Si jamais, égarés par une tentation perfide, vous avez quitté le bon sentier pour le mauvais, ah ! craignez de prononcer un jugement présomptueux sur la tombe modeste de Marmion ; contentez-vous de dire :

— Il mourut en brave chevalier l’épée à la main, pour défendre les droits de l’Angleterre.

XXXVIII.

Je n’écris pas pour ces esprits lourds qui ne pourraient raconter sans moi que, dans la fatale mêlée de Flodden, Wilton fut le plus intrépide des chevaliers anglais ; que, lorsque le courageux Surrey eut son cheval tué sous lui, ce fut Wilton qui lui donna le sien ; qu’enfin ce fut Wilton surtout qui, avec son épée, éclaircit les rangs des Ecossais opiniâtres… Quoique Hollinshed et Hall n’en fassent aucune mention, Wilton fut l’ame de la bataille. Après la victoire, il justifia sa fidélité ; ses fiefs et son rang lui furent rendus, et il orna le vieux bouclier de ses pères des devises nouvelles conquises par lui dans la plaine de Flodden.

Je ne chante pas non plus pour la simple et jeune fille, qui a besoin qu’on lui dise en termes précis que le roi et la famille de la belle Clara consentirent à couronner sa constance. Faut-il donc que je lui raconte la fête nuptiale pour qu’elle s’en fasse un tableau ? Dirai-je que le cardinal Wolsey donna la bénédiction aux deux amans, que More, Sands et Denny firent les bons mots de la noce, que le roi Henry tira les rideaux du lit, que Catherine détacha la jarretière de sa propre main ! Pendant long-temps, depuis

CHANT SIX