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XXXVI.

Je touche à la fin.

Par les soins de Fitz-Eustace, un cadavre meurtri et criblé de blessures fut transporté dans la cathédrale superbe de Lichfield. Ce fut là que, sous l’aile du sud, un mausolée enrichi de sculptures gothiques porta long-temps l’image de lord Marmion. (Aujourd’hui vous en chercheriez vainement les traces, il fut détruit lorsque le fanatique Brook prit d’assaut cette belle cathédrale. Loués soient. Dieu et le bon saint Chad, le sacrilège reçut un digne prix de son impiété !)

C’était là qu’on voyait jadis le brave Marmion, les mains levées vers le ciel et les pieds appuyés sur un limier ; de riches écussons, des marbres et des niches ciselées, offraient ses armoiries et le souvenir de ses exploits.

Hélas ! en dépit de ces magnifiques sculptures et des oraisons prononcées par les prêtres, le chevalier Marmion n’était point en ce lieu !

Un berger des forêts d’Ettrick avait suivi son seigneur à la bataille de Flodden ; c’était une de ces fleurs que les harpes plaintives de l’Ecosse pleurent encore comme arrachées de bonne heure à leur tige natale : blessé à mort, ce berger aperçut la croix de Sibylle, s’y traîna, et il y rendit son dernier soupir à côté du noble Marmion.

Les pillards dépouillèrent les morts et les mutilèrent ; c’est ainsi que le cadavre de l’humble berger fut pris pour celui de l’orgueilleux baron et occupa son monument,

XXXVII.

Il serait plus difficile de désigner la place où fut creusée la tombe ignorée de Marmion. On l’ensevelit au lieu même où gisait son corps sans vie ; mais toutes les marques en ont disparu. La main destructrice du temps a renversé la simple croix de Sibylle Grey, et brisé sa fontaine de pierre : cependant la source jaillit encore de la petite colline et y forme un faible ruisseau. L’étranger s’y arrête souvent

320 MARMION.