Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/320

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— Où est Henry Blount ? demande-t-il ; où est Fitz-Eustace ? que faites-vous ici, cœurs timides ? allez reconquérir ma bannière, allez faire entendre à l’ennemi le nom terrible de Marmion Hélas ! avec moi finit ma race ; ce nom ne retentira plus sur les champs de bataille !….. Que ma dernière pensée soit consacrée à l’Angleterre ! Portez mon anneau à lord Dacre : dites-lui de conduire ici ses escadrons ! Toi, Fitz-Eustace, cours trouver Surrey, apprends-lui que Tunstall, étendu sans vie dans la plaine, rougit de son sang le bouclier sans tache. Edmond n’est plus….. et moi…. je me meurs, il ne reste plus que l’Amiral. Que Stanley fonde sur le centre des Ecossais avec les guerriers de Chester et de Lancastre…. sinon la victoire et l’Angleterre sont perdues…. Hé bien ! faut-il vous le répéter ?…. Partez sans retard, laissez ici Marmion mourir seul. — Ils obéirent.

Clara s’éloigna un moment ; mais la douleur arracha bientôt à Marmion un gémissement étouffé. — N’y a-t-il donc personne, dit-il d’une voix mourante, n’y a-t-il personne de tous ceux qui ont été nourris dans mes foyers, qui daigne m’apporter quelques gouttes d’eau pour étancher la soif qui me dévore !

XXX.

O toi qu’aux jours de notre fortune il est si difficile d’émouvoir, capricieuse, indécise et changeante comme l’ombre que jette sur l’onde le feuillage tremblant du saule, ô femme, tu deviens un ange bienveillant aussitôt que l’affliction vient flétrir nos fronts humiliés.

A peine le chevalier eut proféré ces paroles plaintives, que Clara, prenant son casque, courut au ruisseau voisin. Sa haine, ses outrages et sa terreur sont oubliés ; elle n’écoute plus que la voix de sa douleur, elle ne voit plus que le chevalier mourant.

Elle se baisse sur la rive du ruisseau, et recule soudain saisie d’horreur…. Des flots de sang s’étaient mêlés à ses flots azurés. Où peut-elle aller ?….. elle aperçoit une