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les rangs écossais la bannière se relève…. Mais bientôt l’ennemi reprend courage, le sang coule à grands flots, et l’étendard de Marmion est soudain abattu, tel qu’un pin que la hache a frappé dans ses racines.

Alors Eustace monte à cheval. Cependant il hésite encore, quittant à regret la malheureuse Clara, lorsque tout à coup, rapide comme la flèche, le coursier de lord Marmion passe auprès de lui. Ses yeux sont sanglans, ses naseaux ouverts, ses rênes flottantes, sa selle et ses housses souillées de carnage. Eustace éperdu n’adresse qu’un regard à Clara pour lui dire qu’il sera bientôt de retour, et il se précipite dans la mêlée.

XXVIII.

Ne me demandez pas ce qu’éprouve Clara, laissée seule dans cette heure de terreur. Peut-être sa raison s’égare ; peut-être un courage surnaturel la soutient et l’élève au-dessus d’elle-même…. L’avant-garde anglaise est en déroute….. Clara, occupée d’une seule pensée, s’écrie : — Wilton est-il à ce poste périlleux…… ? Ils fuient ou ne combattent plus que pour trouver la mort….. Où est Wilton ?

En ce moment elle voit gravir la colline à deux cavaliers couverts de sang qui portent dans leurs bras un chevalier blessé. Sa main tient encore le tronçon de son épée ; il a été trouvé sous les pieds des chevaux ; son bouclier est froissé, son casque dépouillé de son panache et du faucon qui l’ornait…. Est-ce bien là l’orgueilleux Marmion….. ? Le jeune Blount délace son armure, et, contemplant son front pâle et défait, s’écrie : — Par saint George ! il n’est plus ! Cette lance maudite a tranché les jours de notre seigneur : que Marmion repose en paix !

— Silence, Mount, cesse tes clameurs, dit Eustace, il ouvre les yeux.

XXIX.

Débarrassé de son casque, Marmion sent la douce impression de l’air, et porte autour de lui des yeux hagards :

314 MARMION.