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312 MARMION.

comme l’écume sur le sein agité de l’Océan. Mais les deux écuyers de Marmion ne pouvaient encore rien distinguer ; le carnage régnait dans la plaine ; des éclats de lances et d’épées volaient çà et là ; les flèches de l’Angleterre tombaient comme une grêle sur les guerriers d’Ecosse. Des bataillons chargeaient, reculaient, rechargeaient encore en ordre ou en désordre. Mais bientôt ils reconnurent au milieu de la mêlée le faucon de Marmion, la blanche bannière de Tunstall, et le fier lion d’Edmond Howard. Ces étendards répandaient au loin la terreur, quoiqu’ils eussent à combattre les vaillans Gordons, les clans sauvages de nos frontières, Home et Huntley.

XXVII.

Cependant, du côté de l’aile gauche, Stanley mettait en déroute les corps commandés par Lennox et Argyle ; c’est en vain que les montagnards de l’Écosse occidentale fondent sur les lances, jetant leurs boucliers de côté pour frapper à deux mains de leurs épées. Mais la fortune perfide sourit un moment à l’aile droite de l’armée écossaise. La bannière sans tache de Brian tombe dans la poussière, le lion d’Howard tombe avec elle ; il ne reste plus que le faucon de Marmion pour soutenir les siens dans ce moment de danger. Le slogan de nos frontières s’élève jusqu’aux cieux ! — Home et Gordon ! s’écrie-t-on de toutes parts. — La mêlée devient de plus en plus sanglante ; avançant, reculant tour à tour, tantôt la bannière fléchit, tantôt elle se relève plus fière : comme on voit le mât d’un navire, battu par la tempête, s’abaisser et se redresser de nouveau lorsque déjà ses voiles et ses cordages sont déchirés. Mount s’indigne à cette vue : — Par le Dieu tout-puissant ! s’écrie-t-il, et par tous les saints ! je jure que notre bannière ne sera pas perdue tant que je vivrai ! Tu peux prier ici avec lady Clara, Fitz-Eustace ; pour moi je vais à l’ennemi.

Et il se précipite dans la plaine, saisi des dix archers. Le brave écuyer s’ouvrit d’abord un large passage dans

CHANT SIXIÈME. 313