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XXV.

Blount et Fitz-Eustace demeurèrent avec Clara. Les rayons du soleil couchant doraient la colline, car le jour était déjà avancé. Ces cris de guerre parvinrent aux oreilles des deux écuyers, qui pouvaient distinguer de loin leurs compagnons. Eustace dit tristement à Blount :

— Indigne commission que de rester témoin des exploits de ce jour ! Il n’est plus d’espoir pour nous de mériter les éperons dorés… Mais regarde… Les Ecossais ont mis le feu à leurs tentes ! — Au moment où il parlait, une épaisse fumée s’étendit depuis la pente de la colline de Flodden jusqu’aux rives du Till. Les soldats de la Calédonie s’avançaient enveloppés de ces ombres nuages. Aucune acclamation guerrière, aucun chant des ménestrels n’annonçaient leur marche ; le bruit de leurs pas, et parfois une fanfare du clairon, disent seuls aux Anglais que le roi Jacques vient à leur rencontre : mais ils ne peuvent entendre et voir leurs ennemis que lorsqu’ils sont à la portée du trait. Les lances et les épées se croisent, des tourbillons de poussière se mêlent aux noires vapeurs de l’incendie, un cri effrayant frappe l’écho ; il semble, pendant que deux nations combattent dans la plaine, que les airs sont le théâtre de la guerre des démons. Ce cri est en même temps la voix de la mort, de l’épouvante, du carnage, de la victoire et du désespoir ! Fitz-Eustace et Blount fixent sur les deux armées des regards inquiets : leurs yeux ne peuvent rien distinguer dans l’obscurité profonde qui les environne.

XXVI.

Enfin le vent frais du soir dissipa le nuage, et ils virent d’abord la forêt des lances que faisaient briller les derniers feux du jour. Les étendards se déroulèrent au milieu de la fumée, semblables aux ailes blanches de la mouette pendant l’orage. Ils remarquèrent les rangs mêlés des combattans, qui, tels que les vagues, se brisaient les uns contre les autres ; les panaches des chevaliers flottaient