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de là est un toit hospitalier habité par un respectable pèlerin qui vaut à lui seul tous les Bernardins du monde.

Cependant l’abbé de Lennel accueillit honorablement Clara, lord Marmion et sa suite. Le lendemain matin le chevalier monta sur la tour pour contempler de loin l’armée écossaise campée dans la plaine de Flodden. Les pavillons blancs qui couvraient la terre ressemblaient à ces neiges d’hiver amoncelées au pied des collines. Marmion crut apercevoir un mouvement dans les lignes de l’ennemi. Il lui parut que les soldats écossais se préparaient à une action décisive ; car l’aurore réfléchissait ses rayons sur la forêt de leurs lances : tantôt leur front se rétrécissait, tantôt il s’étendait ; et à leurs diverses évolutions, le chevalier anglais reconnut qu’ils épiaient un ennemi qui traversait la plaine.

XIX.

En effet l’armée anglaise quittait le bois de Barmore qu’elle avait occupé la veille, et se dirigeait vers le pont de Twisell. — La voilà qui plonge dans le défilé, passe sous le prolongement du rocher et sous les remparts du château : chaque bataillon paraît et disparaît peu à peu derrière la colline, les chênes et les taillis. Chaque bannière se déploie tour à tour sur la rive orientale du fleuve : ils se répandent dans la vallée qu’arrose le Till, et leurs rangs se succèdent sur les arches gothiques du pont, pour gagner la colline de la rive opposée. Les échos de tes rochers, ô Twisell, retentissent du son guerrier du clairon ; maint capitaine illustre par son rang et sa naissance se désaltère à l’onde pure de Sainte-Hélène. Ce taillis d’aubépine, que nous voyons aujourd’hui couronné des guirlandes du printemps, vit la hache sacrifier ses troncs les plus robustes pour ouvrir un passage aux colonnes anglaises.

XX.

Mais pourquoi l’Ecosse reste-t-elle immobile sur la cime aérienne de ta colline, sombre Flodden, pendant

20.