Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/310

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— Est-ce à moi, répondit-il, à moi que ce discours s’adresse ? si je ne respectais tes cheveux blancs, la main de Marmion eût tombé comme la foudre sur la tête de Douglas ; mais apprends, vieillard orgueilleux, que le chevalier qui porte les messages de l’Angleterre peut hardiment se dire ton égal, serait-il au dernier rang dans sa patrie ; je dois te dire encore, fier Douglas, malgré tes froids dédains, en présence de tes vassaux et dans ta demeure…. Oui, je le dirai ; et je ris de vos gestes menaçans, vassaux d’Angus…. Oui, je te défie, et si tu oses soutenir que je ne suis pas l’égal de tous les barons d’Ecosse, je te dirai que tu en as menti.

Le feu de la colère ranima les traits pâles du vieux comte. Il répondit avec hauteur à Marmion :

— Oses-tu braver le lion dans sa tanière et le Douglas dans son château ? Espères-tu en sortir sain et sauf ? Non, non, par sainte Brigitte de Bothwell ! non….. Qu’on relève le pont-levis, qu’on laisse tomber la herse.

Lord Marmion tourna bride et enfonça l’éperon dans les flancs de son coursier, qui s’élança comme un trait rapide sous l’arceau de la porte. La herse tomba avec bruit et rasa le panache du chevalier.

XV.

Semblable à l’hirondelle qui effleure la surface unie d’un lac, le coursier dépassa le pont au moment où il allait être levé. Marmion, ayant atteint ses gens, s’arrêta, et menaçant de son gantelet les tours de Tantallon, il fit entendre un terrible défi…

— A cheval, s’écria Douglas, à cheval, et qu’on le poursuive ! Mais bientôt il calma sa fureur : — Il est venu comme ambassadeur d’un monarque, pensa-t-il, quelque indigne qu’il soit de ce titre ! Un faussaire ! par saint Jude ! jamais chevalier fut-il coupable d’un tel forfait ? Aussi ai-je été prévenu contre lui dès que le roi m’a eu vanté sa science. — Loué soit saint Bothan : jamais aucun de mes fils ne saura écrire, excepté Gawain ; ainsi je l’ai juré, je le jure

CHANT SIXIÈME.