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LE MOINE

DE SAINT-BENOÎT.

FRAGMENT



Si je publie cette ballade sans la terminer, je dois dire que mon but n’a pas été de lui donner cette sorte d’intérêt qui naît souvent d’une curiosité désappointée. J’avouerai que mon intention était de poursuivre le récit jusqu’à la fin ; mais je n’ai jamais pu être content de mon travail, et si je joins ce fragment à mes œuvres poétiques, c’est par déférence à l’avis de quelques personnes dont l’opinion mérite des égards, et qui se sont opposées à mon projet de supprimer entièrement mon Moine de Saint-Benoît.

La tradition qui m’en a fourni l’idée est connue dans le comté dé Mid-Lothian, où se trouve la maison appelée aujourd’hui Gilmerton-Grange, et à qui jadis on avait donné le nom de Burndale, d’après l’aventure tragique que je vais rapporter.

La baronnie de Gilmerton appartenait autrefois à un seigneur nommé Heron qui avait une fille de la plus grande beauté. Cette jeune personne fut séduite par l’abbé de Newbattle, couvent richement doté sur les rives de l’Esk, et qu’habite aujourd’hui le marquis de Lothian. Heron fut informé des amours de sa fille, et sut aussi que le moine avait été favorisé dans ses criminelles intentions par sa nourrice, qui demeurait dans cette maison de Gilmerton-Grange. Il conçut le projet d’une terrible vengeance sans être arrêté ni par le saint caractère dont le préjugé revêtait les ecclésiastiques, ni par les droits plus sacrés de la nature.

Il choisit une nuit sombre et orageuse, pendant laquelle les amans s’étaient donné rendez-vous ; il fit entasser autour de la