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298 MARMION.

toutes les graces de la jeunesse. Une joie inconnue depuis long-temps et la surprise donnaient d’ailleurs quelque chose d’étrange à son regard. N’attendez pas de moi, nobles dames qui me lisez, n’attendez pas que je puisse vous décrire cette scène de reconnaissance ; quel peintre habile oserait retracer les couleurs de l’arc-en-ciel, s’il n’était donné à son pinceau de se servir de couleurs célestes ? Il est encore plus difficile au poète de vous décrire toutes les sensations d’un amour qui passe du désespoir aux transports du bonheur !…. La surprise, la pitié, la douleur, la joie, et l’espérance qui nous offre l’avenir sous un jour si riant, se succèdent tour à tour dans les cœurs des deux amans, et cèdent enfin la victoire à l’amour. Je dirai en peu de mots le récit de Wilton, qu’il rie commença qu’après de nombreux ‘soupirs, qu’après mille questions affectueuses, et des réponses non moins tendres.

VI HISTOIRE DE WILTON.

— Oublions ce jour fatal où je fus renversé sans mouvement dans la lice. On me transporta je ne sais eu quel lieu, car j’avais perdu l’usage de tous mes sens ; et, quand je revins à moi, je me trouvai sur un lit de veille dans la demeure de mon vieux aumônier. Te souvient-il, ma Clara, comme tu rougissais lorsque ce vieil Austin, qui vit naître notre amour dans les premiers jeux de l’enfance, disait en souriant que toi et moi nous serions un jour un couple heureux ?…. Mes vassaux, mes amis, mes pareras, avaient fui un traître déshonoré : Austin lui seul soutint ma tête brûlante et me prodigua les soins les plus tendres dans le délire de la fièvre que me causèrent mes blessures ; mais sa bienveillante amitié tue fut bien plus nécessaire encore lorsque je ne repris l’usage de mes sens que pour tomber dans le désespoir. J’arrachais l’appareil de mes blessures, et je me précipitais avec fureur contre la terre