Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/292

Cette page n’a pas encore été corrigée

rejetant en arrière son noir capuchon, il semblait l’exciter à franchir une barrière et l’arrêtait aussitôt. Le vieil Hubert disait que jamais cavalier, excepté Marmion, n’avait été aussi ferme sur sa selle.

XXVIII.

A une demi-heure de marche venaient l’abbesse de Sainte-Hilda et toutes ses nonnes, sous une escorte commandée par Fitz-Eustace. Marmion n’avait point demandé à entretenir Clara, de peur d’augmenter ses soupçons et sa haine ; il croyait d’ailleurs plus prudent d’attendre qu’elle fût séparée des autres religieuses ; il espérait qu’alors l’ascendant de sa famille et les ordres de Henry surmonteraient ses refus. Marmion ne brûlait point de cette flamme qui ne vit que de soupirs et de tendres regards ; il aimait plus que Clara elle-même les vastes domaines qui formaient sa dot ; et d’ailleurs depuis que, pour écarter Wilton et venger son orgueil humilié, plutôt que dans l’accès d’une aveugle jalousie, il s’était souillé par une trahison, l’objet qui lui avait fait violer les lois de l’honneur lui était parfois presque odieux ; s’il avait jamais aimé, c’était celle qui était descendue vivante dans les sombres caveaux de Saint-Cuthbert.

XXIX.

Lorsque Eustace aperçut la ville de Berwick et le law 1 pyramidal qui la commande, il fit faire halte à sa troupe devant une antique abbaye dont les tours dominaient le rocher de Bass, l’île de Lambic et la plaine des flots. Au son d’une cloche on vit sortir la prieure respectable du couvent, qui pria l’abbesse de Sainte-Hilda de demeurer avec elle jusqu’à ce que Douglas eût préparé un navire pour la transporter au cloître de Withby. L’abbesse de Sainte-Hilda remercia la nonne écossaise de cette offre obligeante, et j’épargnerai au lecteur les discours pieux et courtois de ces deux filles du Seigneur ; toutes nos voya-

(1) Law : nom qu’on donne en Ecosse aux monts isolés et de forme conique. — En.

CHANT CINQUIÈM