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280 MARMION.

aux nonnes de Sainte-Hilda, dont la galère avait été prise par un navire écossais.

Bientôt le roi leur fit dire de se préparer à retourner en Angleterre sous l’escorte honorable du lord Marmion. L’abbesse répéta pieusement son rosaire, et ne sut à quel saint s’adresser ; car, en pensant à Constance, elle craignait la colère du chevalier qui devait leur servir de guide. Qu’on juge de ce qui se passa dans le cœur de Clara : c’était l’épée de ce terrible ennemi qui avait versé le sang de Wilton. Sans le savoir, le roi Jacques donnait pour protecteur à ces vierges timides l’homme du monde qu’elles devaient le plus redouter ; mais quelles réclamations pouvaient-elles faire parvenir jusqu’au trône ? Comment des nonnes prisonnières pouvaient-elles faire écouter leur histoire au commencement d’une campagne ? Elles désespéraient donc d’éviter l’escorte dangereuse qui devait les accompagner à Withby.

Le logement qui leur fut destiné par le roi communiquait à celui de Marmion ; c’est ce qui fit que le pèlerin fut remarqué par l’abbesse : elle l’avertit par une lettre qu’elle avait à lui révéler un secret qui intéressait l’Eglise et le salut d’une ame pécheresse. Elle lui recommandait le plus grand mystère, et lui indiquait un balcon ouvert sur la rue, commun aux deux maisons. Ce balcon pouvait facilement être pendant la nuit un lieu de rendez-vous.

XXI.

La sainte dame et le pèlerin s’y rencontrèrent secrètement aussitôt que la nuit fut venue. La lune se cachait par intervalles derrière les nuages, et le plus grand silence régnait dans la ville,

Dans ces mêmes rues qui naguère retentissaient du bruit des armes et de la voix des guerriers, on aurait pu entendre une pierre tomber, une abeille bourdonner, et un hibou battre de l’aile sur la flèche élevée du clocher de Saint-Gilles. De ces antiques édifices dont les fronteaux

CHANT CINQUIÈME