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de ce moment, et dit tout bas au monarque : — Sire, que ces larmes servent à vous détourner d’une guerre douteuse. Un enfant pleure de la piqûre d’une ronce, une jeune fille parce que son serin prend la fuite, et un jeune amant quand une femme le trahit ; mais de grands malheurs menacent un royaume où les vieux guerriers versent des larmes. Quel présage peut être plus sinistre que d’en voir répandre aux nobles yeux d’un Douglas ?

XVII.

Piqué qu’un étranger fût témoin de l’inconstance de con caractère et voulût s’en prévaloir, Jacques répondit fièrement ; — Pleurera et rira qui voudra ! Je pars demain matin pour le sud ; et si l’envoyé de Henry demeure long-temps dans le château de Tantallon, notre première entrevue pourrait bien être dans son domaine de Tamworth. Le fier Marmion sentit toute la forfanterie de cette réponse ; et reprit avec sang-froid : — Mon humble château serait trop honoré de recevoir le roi Jacques ; mais on trouve à Nottingham de bons archers ; les habitans du comté d’York ne sont pas d’un caractère très-pacifique ; les piquiers du Northumberland ont l’humeur un peu sauvage et rude ; les chemins des collines de Derby sont hérissés de rochers ; les gués de l’Ouse et de la Tyne sont profonds. Plus d’une bannière sera déchirée ; plus d’un chevalier mordra la poussière, plus d’un carquois sera vidé avant que le roi d’Ecosse traverse le Trent… Arrêtez-vous donc, sire, quand il en est temps encore.

Le monarque détourna la tête d’un air indifférent ; et, s’adressant à ces officiers, leur cria : — Chevaliers, à la danse ! à la danse ! — Jacques lui-même, déposant son manteau et son épée, donna la main à lady Heron ; et les ménestrels répétèrent par son ordre le chant guerrier : — Toques-Bleues, marchons aux frontières 1 !

XVII.

Eloignons-nous de cette fête pour savoir ce qui arrivait

(1) Elne bonnets over the border.