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E. 277

nos paisibles vassaux ont été les victimes ; nos officiers égorgés pendant la paix, la mort du brave Barton… voilà des outrages qui crient vengeance, et nous serions indigne de régner s’ils demeuraient impunis. Nos hérauts ont porté à Henry notre déclaration de guerre et lui ont dit jusqu’où vont pour lui notre mépris et notre haine.

XIV.

Il s’arrêta à ces mots, et s’approcha de Douglas, qui contemplait cette fête d’un œil sévère. C’était ce Douglas, sixième comte d’Angus, qui osa, dans sa jeunesse, défier en champ clos le roi Jacques III, et faire mettre à mort tous ses favoris sur le pont terrible de Lauder. Les princes et leurs ministres ont long-temps tremblé au nom d’Archibald Bell-The-Cat 1. C’était ce même Douglas qui avait abandonné la plaine obscure de l’Ermitage, dans le Liddesdale, pour fixer sa résidence sur les rochers où s’élèvent les tours de Bothwell et où commence à couler la rivière de ce nom. Avancé en âge, il avait déposé l’armure du guerrier pour les attributs paisibles du citoyen. Cependant il n’avait pas encore perdu toute cette audace qui lui avait fait jadis braver la colère d’un roi et châtier l’orgueil de ses favoris. Ce jour-là même, dans le conseil, Douglas, peu habile dans l’art de flatter son souverain, avait, contre son avis, désapprouvé la guerre.

XV.

Quoique les saillies de ses muscles fussent affaissées, son corps amaigri, mais robuste encore, et d’une stature de géant, semblait une tour en ruine et près de tomber au milieu de cette fête. Ses cheveux et sa barbe blanche contrastaient avec ses sourcils, qui avaient conservé leur couleur noire. Quand le monarque fut auprès de Douglas, il ajouta ces paroles amères :

— Lord Marmion, puisque d’après ces lettres de Henry, vous devez rester en Ecosse tant qu’il y aura encore la

(1) Attache-le-grelot-au-chat. Voyez la note.