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Elle rougit, elle pousse un soupir ;

Larme d’amour vint mouiller sa paupière.


Sans hésiter Lochinvar prend sa main,

Et puis gaîment il se mêle à la danse.

Chacun tout bas dit : — Gloire au paladin

Qui réunit la grace et la vaillance !


Mais Lochinvar n’a dit qu’un mot tout bas

En regardant la jeune fiancée ;

Éléonore a compris sa pensée :

Il sort, bientôt elle a suivi ses pas.


Ils sont déjà sur le coursier rapide.

Courez, volez, hôtes de ce château :

Ils ont déjà dépassé le coteau !

On ne vit plus cet amant intrépide.


Qui ne rendit hommage à ta valeur,

Beau Lochinvar, fleur de chevalerie ?

Qui n’envia le sort de ton amie ?

Qui n’eût voulu le devoir le bonheur ?

XIII.

Le monarque, penché sur la sirène, marquait la mesure de son chant, et s’approchant de plus en plus, il lui adressa tout bas un compliment flatteur. Les courtisans renchérissaient les uns sur les autres dans leurs éloges : les dames se regardaient à la dérobée ou se parlaient en détournant la tête. L’enchanteresse adressa à Marmion un regard dans lequel se peignait cet orgueil qui commande les hommages, et en même temps l’expression réelle ou feinte du mépris que lui inspirait sa royale conquête. Ce regard avait quelque chose de familier ; il témoignait que Marmion et elle se connaissaient depuis long-temps. Le roi le remarqua ; il en fut surpris et jaloux. Les princes ne peuvent souffrir de rivaux, même pour un mot, un sourire. ou un coup d’œil. Il prit avec un air d’autorité le large parchemin qui contenait les titres et la commission du chevalier anglais.

— Le ravage de nos frontières…, dit-il, le pillage dont

CHANT CINQUIÈM