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272 MARMION.

Le roi d’armes conduisit Marmion dans un hôtel richement meublé, qui dominait toute la ville. C’était là que le chevalier devait se reposer jusqu’à l’entrée de la nuit, heure que le roi avait fixée pour le recevoir dans le palais d’Holyrood.

Cependant Lindesay fit servir à son hôte et à sa suite un splendide repas avec des vins rares et exquis. Quand le soir fut venu, Marmion se para de ses habits de cour et suivit sir David, qui l’introduisit chez le monarque.

VII.

L’antique palais d’Holyrood retentissait des accens de la joie et du plaisir. Le roi Jacques donnait une fête aux seigneurs écossais qu’il avait réunis pour le moment du départ ; car ils avaient ordre de se mettre en marche au lever de l’aurore. Le prince aimait la magnificence, les festins, et les chants des ménestrels. Pendant le jour il assistait aux tournois, et la nuit c’était son plaisir d’abréger les heures par la danse, les mascarades et la pompe des banquets. Mais cette fête surpassait toutes celles qu’il avait données jusque-là ; c’était la plus brillante et la dernière ! Les lampes suspendues aux lambris du palais répandaient une vive lumière sur le cercle des courtisans. Ici des ménestrels chantaient en s’accompagnant de la harpe ; là les dames faisaient entendre de plus mélodieux accords. Le fou du roi, coiffé d’un bonnet à grandes oreilles, et revêtu d’un habit de toutes couleurs, débitait ses intarissables bons mots. Le jongleur étonnait les curieux par son adresse magique ; quelques-uns tentaient la fortune des dés ou se combattaient au jeu royal des échecs ; et d’autres, dans une salle à l’écart, courtisaient les dames de leurs pensées, qui n’étaient pas cruelles ; car le plus souvent l’amour profite de l’heure d’un départ pour triompher de la froideur et de l’indifférence : il faudrait avoir un cœur de pierre pour voir son amant marcher au combat, pour entendre peut-être son dernier adieu, et ne pas avouer qu’on est attendrie.

CHANT CINQUIÈME. 273