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ses cornemuses. Les uns ont la chevelure rousse, les autres l’ont d’un brun foncé. Ils regardent Marmion avec l’étonnement des sauvages ; leurs jambes sont nues jusqu’aux genoux ; leurs membres trapus, robustes et accoutumés aux intempéries de l’air. Leurs Chefs, d’une taille plus élevée, se distinguent par la plume d’aigle qui décore leur toque élégante. La peau non préparée du chamois leur sert de brodequins, Le plaid pend sur leurs épaules ; une large épée d’une longueur extraordinaire, une dague d’un acier éprouvé, un bouclier garni de clous, un carquois, un arc et des flèches, telles sont leurs armes ; mais ces flèches sont encore courtes, et cet arc bien faible, comparés à l’arc et aux flèches des Anglais.

Les habitans des îles portaient encore l’ancienne massue danoise ; ils poussèrent un cri effrayant lorsque Marmion et son guide passèrent auprès d’eux ; leurs clameurs ressemblaient à celles des oiseaux de mer qui s’envolent d’un marais ; à leurs voix discordantes ils mêlèrent la musique bizarre de leurs instrumens guerriers.

VI.

C’est ainsi que Marmion et Lindesay traversèrent le camp du roi d’Ecosse, et arrivèrent enfin à la porte de la ville, que gardait une milice composée de citoyens vigilans, à qui le voisinage des montagnards et des maraudeurs de la frontière inspirait une juste méfiance. L’appareil de la guerre animait tous les quartiers de la cité. A chaque pas on entendait le marteau de l’armurier résonner avec bruit sur l’enclume ; le noir forgeron était occupé à revêtir le pied du coursier d’un fer utile. Plus loin on passait le tranchant de la hache ou de l’épée sur la meule tournante. Des pages et des écuyers parcouraient les rues et les places en portant des lances ou des casques, pendant que les bourgeois, à l’air grave et important, s’entretenaient de chaque seigneur nouvellement venu, discutaient sa généalogie, parlaient de sa gloire et du nombre de ses vassaux.