Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

270 MARMION.

risés dès le berceau. La paix fut toujours pour eux un repos odieux. Ni la harpe, ni la cornemuse, ne flattent leurs oreilles comme le cri de slogan 1. Guidant un coursier rapide, armés de la lance et de l’épée, ils laissent aux chevaliers suivis de leurs vassaux la prétention de combattre pour la gloire, et aux citoyens celle de mourir pour conserver leurs privilèges ; pour eux les combats sont un jeu. C’est leur bonheur et leur gloire de consacrer les jours au sommeil et les nuits au pillage, ravageant sans cesse les montagnes, les forêts et les plaines. Charmés de la guerre, ils sont accourus sous les drapeaux du roi, se souciant peu de la victoire, parce qu’ils sont toujours sûrs du butin. Lorsque les hommes de la suite de Marmion traversèrent leurs rangs, ils les regardèrent d’abord d’un œil indifférent et sans surprise, connaissant bien la forme et la portée des arcs des Anglais ; mais lorsqu’ils virent le chevalier lui-même, paré d’armes splendides et de riches broderies, chacun de ces pillards dit tout bas à son compagnon : — Vois-tu quelle opulence ? Ne pourrons-nous pas savoir de quel côté ces Anglais passeront pour retourner chez eux ! Ah ! si nous pouvions rencontrer une si belle proie dans le vallon d’Eusedale ou sur les rives du Liddell ! Ce lion sans griffes qui leur sert de guide pourrait bien aussi se voir dépouillé de sa brillante parure, et la brune Madeleine ferait un tablier superbe de ce pourpoint tacheté.

V.

Marmion remarqua ensuite les descendans des Celtes ; race distincte au milieu de l’Ecosse par le langage et les formes du corps. C’était justement alors que les Chefs rassemblaient leurs tribus ; leurs vêtemens de laine, leurs manteaux bariolés, et qu’une ceinture assujettissait à leur taille, établissaient une bizarre uniformité parmi ces sauvages soldats. Chaque clan se range en bataille au son de

(1) Cri de guerre des clans écossais.

CHANT CINQUIÈME.