un froid et mâle courage ? C’est assez de nous avoir donné une fois cette leçon ; que le ciel te préserve de la répéter.
Ellis, viens m’écouter encore ; car tu as toujours aimé les tons variés d’un ménestrel qui, comme ses ancêtres les bardes des frontières, a fait retentir les échos de ses chants sans art jusqu’à ce que les chênes de Windsor et la plaine d’Ascot aient entendu avec surprise les sons de la harpe du nord. Viens m’écouter : fier de ton suffrage, je mépriserai la critique de nos pédans, et imitant l’art antique de retracer sur les vitraux des aventures irrégulières dont néanmoins l’effet est si pittoresque, j’emploierai des couleurs variées pour peindre les combats, les fêtes, les belles, les paladins, les troubadours, et toute la pompe de la chevalerie (2).
Marmion et sa suite laissent derrière eux les collines de Braid ; Lindesay ordonne aux gardes d’ouvrir les barrières du camp ; les soldats écossais accourent ; ils admirent d’un œil curieux ces étrangers venus d’Albion, et ne peuvent voir sans envie des ennemis aussi bien équipés ; la vaste circonférence de leurs arcs, la longueur de leurs flèches, les étonnent ; et plusieurs d’entre eux s’imaginent, dans leur simplicité, que ce ne sont que des armes de parade. Hélas ! ils se doutaient peu que ces mêmes traits longs d’une verge (3) traverseraient bientôt l’acier de leurs cottes de mailles, et couvriraient comme une grêle d’orage la plaine de Flodden.
De son côté, Marmion ne néglige pas d’observer les différens corps de l’armée ennemie, Il s’étonne qu’un