chevaux et leurs hennissemens qui se mêlaient aux fanfares des clairons. Pendant que les Chefs passaient en revue leurs vassaux armés, il pouvait voir la forêt mobile des lances et les éclairs fréquens que renvoyaient les boucliers sur lesquels les rayons du soleil venaient se réfléchir.
Les légers nuages de fumée qui s’élèvent aux premiers rayons du jour, annoncent que les feux allumés par les sentinelles vont bientôt s’éteindre. Maint chariot de bagage roule pesamment sur la plaine, et les bœufs traînent les équipages bruyans de l’artillerie. On remarque surtout les sept sœurs de Borthwick[1] et les couleuvrines que la France avait données à l’Ecosse, funestes présens qui orneront bientôt le triomphe des vainqueurs de Flodden.
Mille étendards (3) se déployaient dans les airs, différens de forme et de couleurs, verts, cramoisis, rouges ou bleus, avant chacun leur devise, et ombrageant les pavillons de leurs plis déroulés par la brise[2]. Le plus large et le plus élevé était l’étendard royal ; un pin planté dans une pierre massive qui existe encore lui servait de soutien et fléchissait sous le poids de la bannière ; déployée par le vent de l’ouest, elle faisait admirer l’écusson de la couronne, au milieu duquel le lion d’Ecosse rampait sur un champ d’or (4).
Marmion contempla ce beau spectacle avec la noble émotion d’un guerrier… Enfin son cœur s’enflamme, ses yeux étincellent comme dans un jour de bataille, plus terribles que ceux du faucon qui se précipite sur sa proie : — Lord Lion, vous avez eu bien raison de me dire, s’écria-t-il, que l’on tenterait vainement de dissuader votre