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258 MARMION.

taient dans mon cœur l’agitation d’une fièvre brûlante. Pour échapper à cette espèce de délire, je montai sur mon coursier : la lune brillait ; je me rendis à l’ancien camp des Pictes. J’entrai par la porte du sud, et je sonnai du cor ; il me sembla en entendre un autre qui me répondait ; le son en était si faible, que ce pouvait bien être l’écho lointain du mien.

XX.

— Dans cette idée, je me préparais à revenir sur mes pas ; mais soudain un cavalier m’apparaît dans cette enceinte. J’avais peine à en croire mes yeux ; et je doute encore s’ils ne m’ont pas trompé… J’ai prouvé mon sang-froid, lord Lion, dans maint combat particulier et dans mainte bataille ; oui, j’ose dire que je m’y suis toujours comporté avec le courage qui convient à un noble chevalier ; mais, lorsque cet ennemi inattendu sembla sortir tout à coup des entrailles de la terre, je dois dire la vérité… je frissonnai de terreur ; et, en mettent ma lance en arrêt, mon bras tremblait tellement que je pus à peine me tenir sur la défensive.

XXI.

— Ai-je besoin de vous dire quelle fut l’issue, de notre combat ? nous courûmes l’un sur l’autre….. mon cheval s’abattit…. que pouvait-il faire contre un champion de l’enfer ?… je roulai sur la lice ; le spectre brandissait son glaive nu sur ma tête. Mais voici le plus extraordinaire : je levai les yeux… la vue des gouffres où rugissent les démons ne m’eût pas épouvanté comme le visage que je reconnus… La lune éclairait des traits qui ne me sont que trop familiers : c’étaient ceux d’un chevalier ennemi qui, exilé depuis long-temps dans des climats lointains, y a perdu la vie. Je ne doutais plus qu’il n’eût péri en effet, lorsque levant sa visière il fixa sur moi les regards effrayans d’un fantôme irrité ; trois fois il tourna contre mon sein son glaive vengeur, mais il le laissa retomber dans le fourreau lorsque, pour la première fois de ma vie,

CHANT QUATRIÈME