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254 MARMION.

résista aux soldats des Douglas, armés par la haine et la vengeance.

XI.

Crichtoun ! aujourd’hui ta cour fangeuse ne reçoit plus que le bœuf paresseux et les troupeaux bêlans ; mais le ménestrel aima long-temps à visiter tes tours gothiques et ton donjon en ruines. J’ai souvent pris plaisir à deviner le sens mystérieux des devises sur les armoiries et les écussons rouillés, restes d’une ancienne magnificence, qui parent encore tes antiques murailles. Le temps a respecté la galerie où étaient suspendus jadis les portraits des preux ; on admire encore la sculpture de ton superbe escalier, orné de ses rosaces et de ses festons entrelacés. Le portique élégant de ta cour est encore debout, et au-dessus de la corniche les pierres taillées en facettes conservent leurs formes de diamans, mais les troupeaux vont seuls y chercher un’abri contre l’orage. On peut encore descendre en frissonnant dans les sombres caveaux où gémissaient jadis les captifs, privés de la lumière du jour. Mais je préfère suivre, du haut de tes créneaux recouverts de gazon, les détours de la Tyne, qui semble fuir à regret le vallon ravissant où serpentent ses ondes.

XII.

Crichtoun était dans toute sa splendeur quand Marmion y fut reçu ; mais son entrée s’y fit sans éclat, car il n’y avait dans le châteaux que des femmes, des enfans et des vieillards ; les yeux encore humides des larmes qu’elle venait de verser, la noble châtelaine alla d’un air triste à sa rencontre : ce fut son fils, à peine âgé de douze ans, qui tint les rênes de son coursier ; car tous les vassaux en état de porter les armes étaient partis le matin même avec leur seigneur, le comte Adam Hepburn, celui qui périt à la bataille de Flodden, à côté de son souverain : sa veuve désolée montera long-temps sur la tour pour tâcher de reconnaître dans le lointain le panache de son époux ; elle ne doit plus le voir revenir à la tête de sa vaillante

CHANT QUATRIÈME