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LE CHÂTEAU

tous ses gens le suivent gaiement ; son coursier est plus rapide que le vent des montagnes.

Les chevreuils bondissent et s’élancent de l’épais taillis, le daim fuit dans la plaine ; car le cor des guerriers les a réveillés dans leurs repaires.

Quel est ce mugissement qui retentit dans la forêt antique d’Evandale, dont les chênes comptent des milliers d’années ? À peine si l’on distingue les fanfares sonores des chasseurs.

C’est le roi de tes forêts, ô Calédonie, c’est le taureau des montagnes qui accourt, à travers le feuillage, semblable à la foudre.

Il roule des yeux enflammés à l’aspect des chasseurs, frappe le sable de ses cornes noires, et agite sa blanche crinière.

Dirigé par une main sûre, le javelot a transpercé les flancs de l’animal sauvage ; il se débat encore au milieu des flots de son sang ; un gémissement douloureux termine ses souffrances. Sonnez, sonnez sa défaite.

Le soleil a parcouru la moitié de sa carrière, les chasseurs appuient leurs lances inoccupées contre les troncs noueux du chêne ; les légers nuages de fumée qui dominent la voûte du feuillage, indiquent le lieu où les vassaux préparent le festin.

Le Chef vit avec orgueil tous les hommes de son clan étendus sur la bruyère, mais ses yeux cherchèrent vainement le plus vaillant de tous ceux qui portaient le nom d’Hamilton.

— Et pourquoi donc Bothwellaugh n’est-il pas avec nous, lui qui partage tous nos plaisirs comme tous nos chagrins ? pourquoi ne vient-il pas prendre part à notre chasse et s’asseoir à notre repas champêtre ?

Le farouche Claude répondit avec le ton sévère qui distinguait le seigneur orgueilleux des tours de Pasley : — Tu ne verras plus le guerrier que tu demandes, ni à nos joyeux festins, ni à nos chasses hardies.