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252 MARMION.

vit bientôt sortir du côté opposé un brillant escadron.

VI.

A la tête marchaient les trompettes qui avaient fait naguère retentir toute la forêt. Ils s’avançaient, sur des coursiers fringans, et portaient un manteau écarlate sur leur veste bleue. Chaque clairon était orné d’une bannière avec l’écusson royal d’Ecosse. Les hérauts et les poursuivans, Bute, Islay, Marehmont, Rotlhsay, venaient ensuite avec leurs cottes d’armes peintes et brillantes d’argent, d’or, d’azur et de gueules ; ils formaient le cortège du roi d’armes. Celui-ci tenait à la main le sceptre héraldique, qui avait souvent éteint les plus violentes querelles de la féodalité.

VII.

C’était un homme d’un âge moyen, d’un aspect noble, grave et sage, comme il convient à l’ambassadeur d’un roi. Mais ses regards exprimaient aussi la finesse, la pénétration, et quelque chose de cet esprit satirique qui frondait les vices du siècle, et commençait à miner l’autorité de Rome. Sa toque de cérémonie était couronnée par une aigrette de héron ; les housses qui couvraient son blanc palefroi pendaient jusqu’à terre ; elles étaient brodées tout autour, et on y admirait les armoiries et devises d’Ecosse : le double trescheur 1, qu’Achaius porta le premier, le chardon, la fleur-de-lis et la noble licorne.

Ces riches armoiries éblouissaient tellement les yeux, qu’on pouvait à peine distinguer le lion blasonné d’où venait le titre du roi d’armes. Une suite convenable à ses fonctions formait son cortège. Ton nom est encore renommé, et tes vers ont encore des charmes, sir David Lindesay du Mont, lord Lion-Roi-d’Armes.

VIII.

Marmion mit pied à terre aussitôt qu’il aperçut l’envoyé du roi Jacques ; car le noble baron n’ignorait pas que cette

(1) Espèce d’orle ou filet au bord de l’eau. — En.