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haite que celle qui vous percera soit bien aiguisée et vous épargne une longue agonie. Leur entretien en resta là, car Marmion avait déjà fait donner le signal du départ. Le pèlerin continua de leur montrer la route, et ils voyagèrent toute la matinée.

IV.

Ils traversèrent les bois de Humble et de Saltoun, dont les sentiers leur offraient un doux tapis de gazon. La route était variée : ici la vue pouvait s’étendre sur des vallons et des collines ; là les arbres, se rapprochant de nouveau, entrelaçaient leurs rameaux en voûtes de verdure.

— Ce bois est charmant, dit Fitz-Eustace, et ressemble à ceux où les chevaliers errans rencontraient leurs grandes aventures. Une gente damoiselle, fugitive éperdue, et les cheveux en désordre, venait soudain chercher un refuge à leurs pieds, et le paladin courtois s’empressait d’aller rompre une lance pour elle. Je vois aussi de ces grottes romantiques, éclairées par un demi-jour mystérieux, comme celles où la belle inconnue témoignait sa reconnaissance au brave défenseur que le ciel lui avait envoyé. — Ainsi parlait Eustace, pour distraire lord Marmion, peut-être aussi pour montrer sa science, car Eustace avait feuilleté près de la croisée du château paternel maints gros volumes de romans imprimés par Caxton ou De Worde. Mais en vain attendit-il une réponse ; Marmion gardait un morne silence.

v.

Tout à coup les échos de la forêt et des collines répètent les sons de plusieurs clairons encore éloignés. Les archers saisissent leurs armes, mais ils reconnaissent bientôt que ces fanfares n’annonçaient rien d’hostile. Prudent toutefois comme on doit l’être dans un pays ennemi, Marmion ordonne à sa troupe de gagner un terrain plus découvert. A quelques stades plus loin, les arbres s’écartaient soudain et formaient comme le rempart d’une petite rifaine : Marmion fit ranger ses archers en bataille, et