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250 MARMION.

marades ! au secours ! Bevis se meurt sur la litière ; comment annoncer à Marmion la perte du coursier qu’il aime tant ! Ils voient en effet avec douleur le pauvre Bevis haletant et près d’expirer ! Un des vassaux, qui croit avoir deviné le secret de tous ces prodiges, s’écrie tout à coup : — Comment tous ces malheurs ne nous seraient-ils pas arrivés, avec un guide comme ce maudit pèlerin ? il nous eût mieux valu suivre, à travers les broussailles et les marais, la lanterne du moine Rush 1.

II.

Fitz-Eustace, qui devinait seulement la cause de ce désordre, sans trop la comprendre, imposa silence à ses compagnons, car il connaissait l’humeur bizarre de son maître. Il alla le trouver avant de se mettre en route, et le vit plongé dans une sombre rêverie. Il lui raconta ce qui arrivait, mais simplement comme s’il ne se doutait de rien. Lord Marmion l’écouta avec une froide indifférence, sans témoigner la moindre surprise, comme si on ne lui parlait que d’accidens ordinaires en voyage, et il ordonna aux trompettes de sonner le boute-selle.

III.

Le jeune Henry Blount paya la dépense de l’auberge, et, en jetant l’argent sur la table, il dit à l’hôte écossais : — Maraud, tu mériterais bien de ne pas toucher un shilling : vois-tu dans quel état se trouve mon cheval ? des Esprits l’ont fait galoper toute la nuit, et l’ont laissé tout couvert d’écume. J’espère qu’une armée anglaise viendra bientôt conjurer tous les diables de l’Écosse, et les forcer à coups d’épée de retourner bien vite dans leur asile de l’enfer. Quant à cette maison, je me souviendrai qu’elle en est pleine ! — Grand merci, répondit l’hôte, qui regardait en souriant l’argent qu’il recevait ; grand merci, messire écuyer, et si vous êtes du nombre de ces Anglais qui doivent venir se livrer aux épées d’Ecosse, je sou-

(1) Feu follet. Voyez la note 2. — En.

CHANT QUATRIÈME. 251