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244 MARMION.

vaine pensée ! les esprits, s’il en existe, sont une race légère qui chante et danse sur les bords d’une source ou de la mer au bruit des cascades, ou qui court la bague autour d’un vieux chêne.

En finissant ces mots, Marmion monta à cheval et sortit, sans se hâter, de l’hôtellerie.

XXX.

Fitz-Eustace le suivit de loin pendant quelque temps ; il prêta l’oreille aux pas de son cheval, jusqu’à ce que, par le bruit toujours plus faible, il jugea que Marmion se dirigeait vers l’enceinte du camp des Pictes.

— Comment se fait-il, pensait Fitz-Eustace, qu’un chevalier qui regarde à peine comme évangile ce que l’Église professe, excité par un conte ridicule, monte à cheval au milieu de la nuit, et, couvert de son armure, s’attende presque à rencontrer un esprit armé de toutes pièces ?

Fitz-Eustace savait peu combien les passions ébranlent l’ame la plus forte. La crédulité se présente comme un moyen de fixer nos idées incertaines fatigués de nos doutes, nous l’accueillons comme un guide, bien que ce guide soit aveugle.

XXXI.

Fitz-Eustace s’inquiétait peu de tout cela, mais il attendait patiemment le retour du chevalier, lorsqu’il entendit le bruit du galop d’un cheval qui précipitait sa course vers le village. Ce bruit, d’abord sourd, devint bientôt plus sonore lorsqu’il retentit sur les pierres de la route. Fitz-Eustace reconnut le cheval de Marmion, qui revenait plus vite qu’il n’était parti. Il mit pied à terre avec tant de hâte qu’il faillit tomber, et, jetant les rênes entre les mains de son écuyer, se retira sans mot dire. Mais la clarté de la lune fit voir à Fitz-Eustace que le faucon de son casque était couvert de poussière ; les marques que portait le coursier sur son flanc gauche et sur ses genoux, indiquaient qu’il n’avait pas eu le pied ferme. Après avoir réfléchi à ces signes singuliers, Fitz-Eustace essaya d’aller

CHANT TROISIÈM