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DE CADYOW

harpe, et l’écho répétait les pas légers de la danse et les chants inspirés des ménestrels.

Mais les tours de Cadyow tombent en ruines, ses voûtes, que le lierre revêt d’un manteau de verdure, ne retentissent plus que des sifflemens de l’aquilon et de la voix mugissante de l’Evan.

Vous m’ordonnez de célébrer par le chant d’un ménestrel la gloire oubliée de Cadyow, et de réveiller par les sons de ma harpe les échos sauvages de la vallée.

Vous ne craignez point de détourner vos yeux de la pompe des cours et des tableaux rians du plaisir, pour soulever le voile de l’oubli et contempler l’urne solitaire et négligée.

J’obéis, noble châtelaine ; les murs écroulés vont se relever à vos ordres… Silence ! nous sommes sur les rives de l’Evan ; le passé revient s’offrir à nos yeux… le présent disparaît.

Aux lieux où naguère les ruines tapissées de verdure se confondaient avec le taillis qui couvre les rochers, des tourelles fantastiques se couronnent de créneaux sur lesquels flottent des bannières féodales.

Aux lieux où le torrent s’irritait de trouver sur son passage le faible obstacle des buissons et des arbustes entrelacés, un bastion en briques brave ses flots mugissans, et des remparts entourent une citadelle.

Il est nuit ; le donjon et la tour projettent leurs ombres vacillantes sur les eaux de l’Evan, et le feu des sentinelles éclipse la faible lumière de la lune..

Mais déjà la flamme pâlit ; l’orient se colore : la sentinelle fatiguée descend de la tour ; les coursiers hennissent ; les limiers saluent l’aurore par leurs aboiemens, et le chasseur se prépare à partir.

Le pont-levis s’abaisse… chaque poutre gémit, chaque chaîne se tend, lorsque les cavaliers piquent de l’éperon leurs coursiers et leur lâchent les rênes.

À la tête de la troupe est le noble chef des Hamiltons ;