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238 MARMION.

un chevalier, qui en vrai paladin mépriserait la peur, pourrait apprendre son sort futur, si toutefois les légendes de nos aïeux n’ont pas abusé le hameau.

Ces paroles excitèrent la curiosité des gens de Marmion ; car le vulgaire aime toujours le merveilleux.

Le chevalier accorda froidement, à l’hôte la permission de poursuivre ; et l’Ecossais commença gaiement son récit.

XIX.

CONTE DE L’HOTE.

— Un grand clerc pourrait vous dire combien d’années se sont écoulées depuis qu’Alexandre (troisième roi de ce nom martial) occupait le trône d’Ecosse, et à quelle époque il vint trouver sir Hugo, alors seigneur de ce village. Le lord de Gifford était brave comme oncques chevalier le fut, et jamais enchanteur n’opéra de charmes plus puissans à l’heure de minuit. Son nom vit encore dans quelques vieilles ballades, qui le désignent sous le titre de fondateur de la caverne des Esprits. Je voudrais bien, lord chevalier, qu’un plus long séjour dans ce hameau vous permit d’aller visiter cette caverne. Elle est vaste, profonde, et située sous les voûtes du château. En voyant la manière dont le roc est taillé, et la forme des arches, on devine facilement que jamais la main d’un homme ne fut employée à cette construction. Tout fut l’ouvrage des enchantemens ; et j’ai ouï raconter par mon grand-père que les clameurs effrayantes et le carillon de ces artisans de l’enfer, qui travaillaient sous les ordres du magicien Hugo, ressemblaient à la voix mugissante des vagues qui luttent dans les cavernes de Dunbar.

XX.

Le roi vint trouver le lord Gifford dans son château ; il était tourmenté par l’incertitude, car il avait rassemblé ses troupes sur les côtes, ayant appris que les navires des Norwégiens et des Danois agitaient leurs rames à l’embouchure de la Clyde ; le redoutable Hacon avait réuni sous

CHANT TROISIÈME.