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Le silence et la tristesse succédèrent à ces accens melancoliques. Mais Marmion surtout crut que cette romance lui prédisait une disgrace prochaine et une mort honteuse. Il se couvrit le visage de son manteau, et resta quelque temps le front appuyé sur ses mains.

Ah ! si on eût pu lire dans son ame ou deviner ses pensées, le plus humble de ses serviteurs n’eût pas voulu de Lutterward et de Fontenay au prix de ses regrets amers.

XIII.

O remords ! tes traits aigus se font sentir plus vivement aux cœurs des superbes. Les lâches ont la crainte pour châtiment ; c’est toi qui punis les braves. Mais ils sont doués d’une énergie fatale, et savent encore lutter contre la douleur de leurs blessures alors même que leur cœur se flétrit sous tes atteintes cruelles.

En effet, Marmion leva bientôt la tète, el souriant à Fitz-Eustace : — N’est-il pas étrange, dit-il, que la romance ait rappelé à mon oreille le son lugubre de l’airain qui annonce dans les cloîtres qu’une sœur va rendre le dernier soupir. Dis-moi, que signifie cette espèce de présage ?

Ce fut alors que le pèlerin, qui depuis le matin avait gardé un silence sévère, le rompit pour la première fois :

— La mort d’une personne qui te fut chère, répondit-il à Marion.

XIV.

Marmion, dont l’intrépidité ne se démentit jamais dans le péril, Marmion, dont l’orgueil se fût révolté contre le regard mécontent d’un roi, et dont l’accent d’autorité réduisait au silence le soldat le plus hardi ; Marmion resta muet, cédant à une terreur involontaire, et ne trouva aucune réponse, accablé par les paroles du pèlerin et par le remords.

C’est ainsi que lorsque la conscience d’un crime ronge secrètement le cœur, il faut peu de chose pour dompter