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E. 233

rappeler que notre meilleur ménestrel est resté en arrière ; Constant est habile sur la noble harpe des bardes comme sur le luth des amans. Jamais à la Saint-Valentin la grive ne chanta aussi mélodieusement que lui dans le buisson printannier ; jamais le rossignol ne ravit comme lui les échos du soir, en chantant ses mélancoliques amours. Je regrette bien, quel qu’en soit le motif, que nous soyons privés de lui, et j’envie ses chants aux vagues, aux rochers ou aux moines, plus ennuyeux encore, de Lindisfars. Mais je vais vous redire comme je pourrai son rondelet favori.

IX.

La voix de Fitz-Eustace était tendre ; il y avait dans l’air qu’il choisit quelque chose de bizarre et de triste. Tels sont certains airs que j’ai entendu répéter à nos montagnards, descendus dans les plaines pour les travaux de la moisson. Tantôt une voix perçante prolonge seule le chant, tantôt un chœur sauvage s’unit à elle. Assis sur la colline, je me suis plu souvent à écouter ces chants, qui me semblaient exprimer les regrets d’un cœur languissant loin de la terre natale. Je pensais alors combien cette même harmonie déchirerait mon cœur sur les champs humides du Susquehannah, dans les forêts du Kentucky, ou sur les bords du lac immense d’Ontario, si j’entendais un exilé malheureux y pleurer ses chères montagnes d’Ecosse.

x.

LE CHANT.

Dans quel asile solitaire

Reposera l’amant sincère,

Qui de l’objet de ses amours

Se voit séparé pour toujours ?

Ce sera sous le frais ombrage

Où gémit un humble ruisseau,

Que de leur mobile feuillage

Orncnt le saule et le bouleau