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232 MARMION.

dames. Un capitaine de cette humeur conduira ses partisans des champs brûlés de l’Inde aux glaces de la Nouvelle-Zemble.

v.

Le pèlerin, appuyé sur son bourdon, se tenait debout en face du chevalier. Son capuchon ne voilait qu’à demi la maigreur de son visage soucieux. Il contemplait Marmion, qui, impatient de ce regard attentif, essaya de lui faire baisser la tête en fronçant le sourcil ; mais vainement son regard sévère rencontra celui du pèlerin, qui ne cessa de l’observer,

VI.

Les éclats de rire de la troupe devenaient moins fréquens ; car plus les archers et les écuyers remarquaient le visage sombre et la barbe épaisse de leur guide mystérieux, plus ils oubliaient leur gaieté. Bientôt un morne silence régna dans la salle, et ne fut plus interrompu que par les chuchotemens de quelque varlet qui, se penchant à l’oreille de son camarade, lui disait d’une voix basse :

— Sainte Vierge ! vit-on jamais un pareil homme ? Quelle pâleur ! Comme son œil étincelle lorsque la lampe vacillante va éclairer son capuchon ! Comme ce regard s’attache sur notre maître ! Non vraiment, pour le plus beau cheval de lord Marmion, je ne voudrais pas endurer cet aspect chagrin et sombre.

VII.

Comme pour dissiper la terreur qui avait saisi ses gens à l’aspect de cette figure pâle que les reflets de la flamme vacillante du foyer rendaient encore plus triste, Marmion appelle un de ses écuyers : — Fitz-Eustace, lui dit-il, sais-tu quelque ballade qui nous amuse un moment ? Nous commençons à nous endormir.

VIII.

— Nous ne pouvons trop nous flatter de charmer votre oreille, seigneur, répondit Eustace, accoutumé comme vous l’êtes à la voix de Constant. Qu’il vous plaise de vous

CHANT TROISIÈM