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En traversant le village, Marmion aperçut une porte ornée d’un flacon et d’un rameau, et il y arrêta son cheval. L’hôtellerie semblait vaste, quoique peu élégante. lin joyeux foyer et un bon repas promettaient d’y bien délasser sa suite.

Les cavaliers sautent en bas de leur selle, le bruit des éperons retentit dans la basse-cour ; ils vont attacher leurs chevaux dans l’écurie, demandent du fourrage, du feu et le souper : leurs cris divers se font entendre dans toute la maison. L’hôtelier empressé, mesurant sa peine sur l’écot qu’il espère, semble se multiplier pour être partout.

III.

Bientôt la flamme du foyer permet d’examiner toute l’hôtellerie ; dans un coin, aux soliveaux enfumés du plancher, est suspendu le trésor des provisions d’hiver. On y remarque des oies-soland et maints oiseaux de mer desséchés, des jambons de sanglier et des quartiers de venaison savoureux.

L’arche de la cheminée s’avançait en vaste circonférence ; des ustensiles de ménage étaient rangés en ordre tout autour, et plus loin, les murs étaient ornés de lances, de boucliers, et de toutes les armes d’usage en Ecosse.

Marmion occupa la place d’honneur sous le manteau du foyer, sur un siège en bois de chêne ; et il vit bientôt les gens de sa suite vider gaiement les pots de bière brune que l’hôte actif tirait de vieux vaisseaux alignés le long ou mur,

IV.

Les guerriers ne sont pas ennemis de la joie, et rient volontiers d’un bon mot. Marmion daignait aussi dire le sien et prendre parfois sa part de gaieté. Jamais homme ne fut plus fier avec les grands ; mais, en vrai capitaine, élevé dans les camps, il avait l’art de gagner le cœur farouche des soldats. Ils suivent volontiers un chef tour à tour bouillant et affable, franc et généreux, aimant le vin et les ménestrels, intrépide sur la brèche et galant avec les