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CHANT SECOND. 5

du désespoir et des sanglots étouffés. Ils se hâtent. La terreur presse leurs pas, ils se signent d’une main tremblante, et se séparent le trouble dans le cœur. Ils croient ouïr dans le silence solennel de la nuit le gémissement d’une agonie prolongée. Par leur ordre, la cloche du monastère annonce le départ d’une ame de ce monde ; ce glas de mort tinte lentement à travers l’obscurité sur les vagues. — Les rochers du Northumberland en gémirent. L’écho porta le son sinistre de l’airain jusqu’à l’ermitage deWarkworth. L’ermite dit aussitôt son rosaire ; le paysan de Banborough releva sa tête assoupie ; et, sommeillant encore, il murmura une prière. Le cerf tressaillit sur les monts Cheviot, ouvrit au vent ses larges naseaux, et tourna de toutes parts ses regards tremblans au milieu de la bruyère, en écoutant ces accens lugubres.

CHANT TROISIÈME. L’Hôtellerie.

A WILLIAM ERSKINE ESQ.

Ashestiel, Ettrick Forest.

SEMBLABLE à ces nuages des matinées d’avril, qui, passant sur la prairie, y font tour à tour succéder l’ombre à la lumière ;. et nous retracent, au milieu des champs, l’image des différentes scènes de cette vie mêlée de joie et de chagrin ; semblable à. ce ruisseau descendu des montagnes du nord, qui, tantôt impétueux torrent, va bouillonnant dans la plaine, et tantôt, ralentissant le cours de ses flots argentés, paraît dormir dans le vallon ; semblable à ces légères brises d’automne dont l’haleine inconstante expire et se ranime soudain, quand l’oreille croit que son

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