Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/230

Cette page n’a pas encore été corrigée

224 MARMION.

mon perfide amant, quoiqu’il m’en eût coûté la vie.

Maintenant, ministres du trépas, disposez de mon sort : je saurai souffrir… Qu’importe une agonie plus ou moins longue, la mort est toujours là pour la terminer !

XXXI.

Mais, esclaves de la sanguinaire Rome, craignez encore Constance dans la tombe où elle descend vivante. Si un remords tardif réveille Marmion, sa vengeance sera si terrible que vous préféreriez une autre invasion des Danois. Oui, je vous laisse derrière moi un sombre avenir. L’autel s’ébranle, la crosse se brise, la fureur d’un despote vous atteint sur les ailes de la destruction. Ces voûtes si épaisses s’ouvriront aux vents de la merl Quelque voyageur y trouvera mes os blanchis au milieu des pierres disjointes ; et ignorant la cruauté des prêtres, il s’étonnera de trouver ici ces dépouilles de la mort. —

XXXII.

Les regards de Constance étaient fixes, ses traits avaient pris un air menaçant, ses cheveux flottaient sur ses épaules ; les boucles qui ombrageaient son front se hérissèrent, sa taille sembla s’élever, l’énergie du désespoir avait donné à sa voix un accent prophétique. Le tribunal s’étonna et frémit, les ministres de la mort contemplaient la victime inspirée avec des regards stupides, et croyaient entendre déjà gronder la tempête qu’elle annonçait. Le plus grand silence régna sous ces voûtes, jusqu’à ce que le vieillard, levant vers le ciel ses yeux privés de la vue, prononça la sentence : — Ma sœur, dit-il, vos misères vont finir ; frère coupable, allez en paix.

Les trois juges s’éloignèrent de cet horrible cachot qui servait au jugement et au supplice. Qui pourrait décrire l’exécution de la sentence ?

XXXIII.

Les membres du tribunal ont cent marches à remonter. Avant qu’ils aient pu respirer l’air du jour supérieur, ils entendent dans les sombres détours de l’escalier les cris