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LE CHÂTEAU DE CADYOW.

ter ici les propres expressions du docteur Robertson, dont le récit forme un des plus beaux tableaux de son Histoire.

Hamilton de Bothwellhaugh fut l’auteur de cet assassinat. Il avait été condamné à mort après la bataille de Langside, comme nous l’avons déjà raconté, et il devait la vie à la clémence du régent. Mais une partie de ses domaines avait été confisquée au profit d’un favori (sir James Bellenden). Cet homme avide était venu s’emparer de sa maison pendant la nuit, et avait chassé sa femme, qui, dans son désespoir, en perdit la raison. Cet outrage fit plus d’impression sur Hamilton que le bienfait qu’il avait reçu, et, depuis ce jour, il jura de tirer vengeance du régent. L’esprit de parti irrita ses ressentimens particuliers. Ses cousins les Hamiltons applaudirent à ses projets. Les maximes du siècle justifiaient les cruelles représailles qu’il exerça. Après avoir suivi le régent pendant quelque temps, pour trouver l’occasion favorable de le frapper, il résolut enfin d’attendre son arrivée à Linlithgow, où il devait passer en se rendant de Stirling à Edimbourg. Il alla se poster dans une galerie de bois qui avait une fenêtre donnant sur la rue ; il plaça un tapis sur le parquet pour dissimuler le bruit de ses pas, et un drap noir derrière lui pour que son ombre ne le trahît pas en dehors. Après tous ces préparatifs, il attendit patiemment l’approche de Murray, qui avait passé la nuit dans une maison voisine. Quelques avis sur le danger qu’il courait étaient parvenus au régent, de sorte qu’il avait résolu de ressortir par la porte sous laquelle il avait passé en entrant, et de faire un détour hors la ville ; mais la foule était si grande du côté de cette porte, et il était si peu familiarisé avec la peur, qu’il continua directement son chemin dans la rue, où la foule, l’obligeant de marcher lentement, donna à l’assassin le temps de viser si bien son coup, qu’il l’atteignit avec une balle dans le bas-ventre et tua le cheval d’un gentilhomme qui l’accompagnait. Les gens de Murray voulurent s’introduire aussitôt dans la maison d’où le coup était parti, mais la porte était soigneusement barricadée, et, avant qu’on pût la forcer, Hamilton eut le temps d’enjamber un cheval qui était tout sellé et bridé près d’une porte secrète ; il fut bientôt à l’abri de leurs poursuites. Cette même nuit le régent mourut de sa blessure. » (Histoire d’Ecosse, liv. v.)

Bothwellhaugh galopa jusqu’à Hamilton, où il fut reçu en