Le roi favorisait les prétentions de son favori ; vainement Clara lui préférait un rival. Marmion diffame Wilton et l’accuse d’être un traître ; le combat est décidé ; on reçoit leurs sermens, on fait les prières d’usage, leurs lances sont en arrêt, le choc commence, et déjà la foule s’écrie : — Victoire à Marmion, le gibet à son rival.
— Dites-moi, vous qui nous prêchez que le ciel se déclare pour le bon droit quand deux chevaliers se combattent en champ clos, où était la justice du ciel quand Wilton, fidèle à son amie et loyal à son roi, trouva la mort ou la honte sous la lance d’un traître ? Ces papiers criminel prouveront mieux son innocence.
Alors Constance tira des papiers cachés dans son sein, les jeta sur la table, recueillit encore ses forces pendant lut moment de silence, et continua en ces termes :
— Mais l’hymen du déloyal Marmion fut encore retardé, car Clara se réfugia au couvent de Withby pour échapper à ce lien odieux. Le roi Henry, à la nouvelle de sa fuite, s’écria : — Ses refus ne seront pas écoutés : chevalier, Clara sera ton épouse, qu’elle ait prononcé ses vœu ou non. — Une ressource me restait encore ; le roi venait d’ordonner le voyage de Marmion en Écosse. Je restai ici pour me sauver, et Clara avec moi. Le lâche que vous voyez, séduit par mon or, jura qu’il s’introduirait dans le couvent de Withby, et que le poison enverrait bientôt ma rivale dans le ciel. Cet homme infame a mal tenu sa promesse, sa lâcheté nous a perdus tous deux.
Si j’ai fait cet aveu, ce n’est point le remords qui m’a fait parler ; mais je veux mourir avec la consolation de savoir que jamais une autre femme ne sera l’épouse de Marmion. Je conservais précieusement ces papiers : trompée dans mes autres espérances, je les aurais envoyés au roi Henry ; ils livraient à la hache du bourreau la tête de