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218 MARMION.

partagent seuls l’honneur de savoir le lieu de sa sépulture.

XV.

Qui pourrait raconter tous ses miracles ? L’intrépide roi d’Ecosse et son fils, conduisant avec eux les Galwégiens, impétueux comme les vents du nord, les chevaliers de Lotion, couverts de cottes de maille, et les guerriers de Teviotdale, furent mis en fuite par son étendard. Ce fut lui qui, pour venger sa puissance outragée, arma le grand Alfred contre les Danois, et fit prendre la fuite à Guillaume-le-Bâtard, lorsqu’il vint à la tête de ses Normands ravager le Northumberland.

XVI.

Mais les nonnes de Sainte-Hilda auraient bien voulu savoir s’il était vrai que Cuthbert se tint encore sur un rocher près de Lindisfarn, pour y fabriquer de ses saintes mains les chapelets qui portent son nom. Les pêcheurs de Withbv assuraient que l’on y voyait la figure du saint, et qu’on entendait le bruit de son enclume alors que la tempête grondait, ou que la nuit silencieuse répandait ses ombres sur les flots. Mais les nonnes de Lindisfarn rejetaient de tels récits et les traitaient de vaine superstition.

XVII.

Tandis qu’autour du foyer on récitait toutes ces légendes, une scène de désespoir se préparait dans un souterrain secret de l’île, où un tribunal prononçait la peine de mort. Le cachot le plus noir n’a pas un aspect plus lugubre que ce caveau. Il avait été construit. par le vieux Colwulf, qui vint y pleurer ses fautes quand il quitta la couronne et la hache des Saxons pour le froc et le rosaire. L’entrée seule glaçait les sens d’horreur : la lumière du jour n’y pénétrait point, l’air ne s’y renouvelait jamais. On l’appelait le caveau de la pénitence. Le prélat Sexhelm l’avait converti en un lieu d’inhumation pour les corps de ceux qui, morts en péché mortel, ne pouvaient être ensevelis dans l’enceinte de l’église. Maintenant c’était un lieu de châtiment.