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216 MARMION.

pendant quelques parties de l’édifice, rebâties dans un style plus moderne, rappelaient le passage des Danois ; le vent de la mer avait aussi rongé les sculptures des piliers, usé les formes de la statue du saint, et effacé les angles saillans des tours : mais l’abbaye restait encore debout, telle qu’un brave vétéran couvert de cicatrices.

XI.

Quand elles se virent près des tours du couvent, les vierges de Sainte-Hilda chantèrent le cantique de leur patronne ; et les murmures des flots et du vent mêlèrent leur harmonie sauvage au son plus doux de leurs voix. Bientôt un chœur religieux, à demi étouffé par le bruit des brisans, répondit aux timides voyageuses. Les moines de Saint-Cuthbert descendirent en procession sur la plage, pour aller à leur rencontre avec la bannière, la croix et les reliques.

Les habitans de l’île, pleins d’allégresse, bravèrent la marée et poussèrent à l’envi le navire au rivage. L’abbesse de Sainte Hilda, remarquable par son voile et sa guimpe, se tenait debout sur le tillac, et prodiguait les bénédictions et les signes de croix.

XII.

Je ne parlerai pas de l’accueil que reçurent les filles de Sainte-Hilda, et du banquet auquel elles furent conviées. Chacune d’elles parcourut le couvent, le cloître, l’église, les galeries, et tous les endroits où elle ne risquait pas de rencontrer un œil profane. Enfin, après avoir contenté leur curiosité, les saintes sœurs se réunirent autour du foyer, lorsque la rosée du soir et le vent froid de la mer les forcèrent de s’y réfugier. Les deux congrégations louèrent tour à tour les mérites de leur saint, texte qui ne peut lasser une nonne ; car l’honneur de son saint, comme on sait, c’est le sien.

XIII.

C’est ainsi que les religieuses de Saint-Withby racontèrent avec un air de triomphe comment trois puissans