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CHANT SECOND 215

traverser en mugissant une foret avant de se jeter dans la mer. Elles saluent la tour de Widderington qui a produit de si nobles chevaliers. En passant près l’île des Coquettes, ces saintes filles prièrent le grand saint qui jadis habita ce rivage. Ensuite Warkworth, fier du nom de Perey, fixa leur attention : elles se signèrent dévotement en entendant les échos souterrains du Dunstanborough répéter les mugissemens des flots qui se précipitent dans leurs cavernes. Ta tour aussi, Bamborough, attira leurs regards ; et bientôt après apparut le château régulier du roi Ida, qui, bâti sur le haut d’un rocher, semble menacer l’Océan de ses créneaux et de ses bastions. Ce fut alors que le vaisseau s’éloigna de la côte, et vogua à pleines voiles dans la baie de l’Ile Sainte,

IX.

La marée, parvenue à sa plus grande hauteur, entourait les domaines de Saint-Cuthbert : le flux et le reflux en font tantôt une île ou un continent. Deux fois chaque jour le pèlerin parvient à pied sec à la chapelle de Saint-Cuthbert, et deux fois les vagues effacent les vestiges de ses pas et de son bourdon.

À mesure que le navire approchait, on voyait s’élever progressivement l’antique monastère, édifice imposant, immense, et construit en pierres d’un rouge foncé, sur les bords de la mer.

x.

L’abbaye de Saint-Cuthbert était un reste de l’architecture saxonne avant que les règles de l’art fussent connues. Ses arcades massives s’élevaient en double rang sur des colonnes énormes et basses. L’architecte avait voulu imiter la voûte d’une allée, par la forme des ailes et le fût des piliers. Le Danois païen avait vu échouer sa rage impie contre ces murailles exposées pendant douze siècles aux orages de la Mer, aux attaques éternelles des vents, et aux pirates non moins terribles ; leur solide épaisseur avait résisté à l’Océan, aux vents et aux hommes du nord. Ce