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214 MARMION.

a connu le malheur ; elle avait aimé un chevalier qui n’était plus, ou qui du moins avait perdu l’honneur, plus précieux que la vie. Sa famille voulait la forcer à accepter un époux qui ne la recherchait que pour ses biens. Clara, le cœur brisé, avait préféré prendre le voile, et ensevelir ses espérances déçues et sa jeunesse flétrie dans le sombre cloître de Sainte-Hilda.

VI.

Assise à la proue du vaisseau, elle semblait contempler les vagues et les compter dans leur course rapide ; mais c’étaient d’autres tableaux qui occupaient sa pensée.

Elle se figurait un vaste désert brûlé par les feux du soleil, où ne murmurent ni la brise ni les vagues. Elle croyait voir une main étrangère recouvrir d’un peu de sable un cadavre que bientôt le chacal viendrait arracher à cette tombe de la solitude.

L’infortunée tourne les yeux vers le ciel ; voyez quelle douleur est peinte dans ses regards !

VII.

Tendre, belle et affligée….. tes charmes, ô Clara ! auraient touché le cœur le plus barbare.

Les harpistes et les poètes ont chanté que le lion farouche avait oublié sa fureur à la vue d’une vierge faible et timide. Mais les passions de l’homme sont plus cruelles que la rage du lion ; et la jalousie, liguée avec l’avarice sordide, ont ourdi une criminelle trame pour perdre Clara. Le poison et le poignard ont menacé sa vie ; et les prisonniers de l’île de Saint-Cuthbert furent les complices de ce noir attentat.

VIII.

Cependant le vaisseau cotoyait les montagnes du Northumberland. Les villes, les tours et les châteaux qui se succèdent charment les veux des nonnes. Elles laissent bientôt derrière elles la prairie de Tynemouth ; elles aperçoivent au milieu des arbres la superbe tour de Seaton-Delaval ; elles voient les flots de Blythe et du Wansbeck